Jeudi 7 décembre, le Parlement danois a adopté une loi criminalisant les "traitements inappropriés" de textes ayant une signification religieuse importante comme la Bible, le Coran ou encore la Torah.
À l’issue d'un long débat, un texte pour protéger les livres religieux a été adopté en troisième lecture par 94 des 179 membres du Parlement Danois, le 7 décembre dernier.
Il stipule qu'il sera désormais interdit de brûler, souiller ou de donner des coups de pied publiquement sur la Bible, le Coran la Torah ou tout autre livre religieux. Il sera également interdit de les déchirer, les couper ou les poignarder. Si une personne pose de tels actes sur l'un de ses textes sacrés, il risquera deux ans d’emprisonnement.
Pour le gouvernement danois, il s'agit avant tout de protéger les intérêts et la sécurité nationale du pays dans un contexte d'intensification de la menace terroriste. En effet, le Danemark et la Suède ont récemment cristallisé la colère des pays musulmans suite à plusieurs incidents d'autodafés du Coran. Selon les chiffres de la police nationale entre le 21 juillet et le 24 octobre 2023 inclus, 483 autodafés et drapeaux brûlés ont été recensés au Danemark.
La liberté d'expression menacée ?
Ce projet de loi, introduit fin août, a fait l'objet de vives critiques, ses détracteurs dénonçant une atteinte à la liberté d'expression. Le texte a, de fait, connu plusieurs modifications. À l’origine, il devait notamment couvrir les profanations de tous les objets ayant une signification religieuse importante. Beaucoup se sont insurgés contre cette partie du texte de loi y voyant un retour du "délit de blasphème". Une loi vieille de plus de 300 ans qui sanctionnait les insultes publiques envers les religions et qui a été abrogée il y a six ans.
Lors du long débat en séance, l'opposition s'est insurgée contre le gouvernement. Inger Støjberg, présidente de la formation d'extrême droite les Démocrates du Danemark, a dénoncé "une trahison" et pointé une "défection énorme".
"Imaginez que nous devenions la génération qui restreint la liberté d'expression. Je ne l'avais pas vraiment pensé, et certainement pas après la crise de Mahomet. À l'époque, nous étions restés fermes", a ajouté l'ancienne ministre de l'immigration et de l'intégration, évoquant la publication de caricatures de Mahomet en 2006 qui avait entraîné une vague de violences anti-danoises dans le monde musulman.
D'après le ministère de la justice, huit pays européens ont des lois similaires. Il s'agit de l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, l'Estonie, la Finlande, l'Italie, la Pologne et la Roumanie.
Camille Westphal Perrier (avec AFP)